Portraits turcs

Istanbul
2008

En 1923, Mustapha Kemal fonde la République démocratique de Turquie. Gouverneur militaire il imposera au pays, à la manière d’un dictateur, une vision européanisée. Code civil suisse, alphabet français, universités anglaises….
Cette démocratie imposée par un seul homme et non provoquée par le peuple, constitue l’élément le plus influent de l’ambiguïté de l’identité turque. Outre sa position géographique entre Asie et Europe, la Turquie a subi autant l’influence chrétienne que musulmane, voit son armée comme une garantie de maintien de la démocratie et pousse la laïcité jusqu’aux limites des libertés individuelles.
À l’université, comme au lycée, les jeunes filles n’ont pas le droit de porter le voile. Certains doyens progressistes laissent quelques étudiantes recouvrir leur voile d’un chapeau ; ce qui donne lieu à toutes sortes de coquetteries inattendues. Certaines universités obligent les étudiantes à laisser apparaître leurs cheveux.
Quelques-unes revêtent alors une perruque par-dessus leur voile. Comble de l’ambiguïté, le voile qui est censé cacher la féminité des longs cheveux est recouvert d’un artifice qui en annule les effets.
Prises entre la loi et leur conviction religieuse, ces jeunes étudiantes représentent plus que jamais l’ambiguïté de l’identité turque.

In 1923, Mustapha Kemal founded the Democratic Republic of Turkey. Military Governor, he imposed a Europeanized vision on the country, in the manner of a dictator. The Swiss Civil Code, the French alphabet, English universities...
This democracy imposed by a single man and unsolicited by the people constitutes the most influential element of the ambiguity of Turkish identity. In addition to its geographic location between Asia and Europe, Turkey has been influenced as much by Christianity as by Islam, views its army as guaranteeing the preservation of democracy, and has pushed secularism to the very limits of individual liberty.
In Universities, as in high schools, young women are prohibited from wearing headscarves. Certain progressive deans allow a few students to cover their headscarf with a hat; which gives rise to all sorts of unexpected coquetries. Certain universities require students to show their hair.
A number of them wear wigs over their headscarves. The height of ambiguity, the headscarf that is supposed to hide the femininity of long hair is covered with an artifice that cancels its effects.

Caught between the law and their religious beliefs, these young students represent more than ever the ambiguity of Turkish identity.